28.05.2021

Entretien au coin de l’étable avec Hansueli Hasler, Madiswil

«Les vaches allaitantes se comportent différemment des vaches laitières, même si elles sont dociles.»

Monsieur Hasler, il vous est arrivé une drôle d’aventure avec des randonneurs l’an passé. Que s’est-il passé exactement ?

Hansueli Hasler (HH) : C’était un dimanche. Depuis notre ferme, située légèrement en contre-haut, j’ai vu notre troupeau de vaches, en bas, courir dans un coin du pâturage. Je suis vite allé chercher des jumelles et ai constaté avec effroi que quelqu’un se trouvait dans le pâturage. J’ai sauté dans ma voiture et me suis rendu aussi vite que possible sur place. Un enfant d’une dizaine d’années était dans le pâturage, encerclé par les vaches. Sa mère, accompagnée d’un chien, se trouvait sur le sentier pédestre, de l’autre côté de la clôture.

De quoi avez-vous eu peur en voyant cela ?

HH : Mes vaches allaitantes ne sont pas farouches et sont habituées à la présence des humains. Je peux toutes les tenir au licol. Je ne peux toutefois pas prévoir comment elles vont réagir face à une intrusion. Mon épouse et moi-même avons déjà été attaqués par une de nos vaches qui voulait défendre son veau. Nous savons qu’il ne faut pas plaisanter avec ça. 

Dans les zones résidentielles, les rencontres entre les vaches et les amateurs d’activités en plein air sont inévitables. Le travail d’information contribue à ce que ces rencontres se déroulent sans encombres et soient un plaisir pour tous (Photo : Hansueli Hasler)

Qu’avez-vous fait ?

HH : J’ai demandé à l’enfant ce qu’il faisait là. Sa mère m’a répondu qu’il voulait aller voir les vaches, comme il le fait aussi chez leur voisin qui est producteur de lait. J’ai expliqué que les vaches allaitantes réagissaient différemment des vaches laitières car elles protègent leurs veaux. Incrédule, la mère ne voulait pas admettre que les vaches puissent être dangereuses. J’ai demandé à l’enfant de sortir du pâturage car je ne pouvais pas porter la responsabilité de cette situation.

Un tel évènement s’était-il déjà produit ou était-ce la première fois ?

HH : Beaucoup de gens se promènent par ici. Les sentiers ne traversent pas le pâturage, mais ils le longent par endroits. Un jour, j’ai aperçu, à nouveau depuis notre ferme, un groupe de marcheurs sur le sentier pédestre avec un chien qui n’arrêtait pas d’aller et venir en courant dans le pâturage vers mon troupeau de vaches. Lorsque je suis arrivé vers le groupe, j’ai remarqué qu’un homme lançait une balle depuis le sentier en direction des vaches et que le chien la lui rapportait. Voilà pourquoi le chien faisait sans cesse des allers et retours. Lorsque j’ai expliqué à cette personne qu’un tel jeu pouvait être dangereux dans un pâturage avec des vaches, des veaux et un taureau, il a répondu : « Oui, j’ai pensé que cela n’était peut-être pas très malin. »

Qu’avez-vous entrepris depuis ces évènements ?

HH : J’ai installé partout les panneaux d’avertissement verts et aussi des panneaux au sujet des crottes de chien car là aussi, tout le monde n’est pas encore conscient que ces déjections peuvent être dommageables pour les animaux si elles se retrouvent dans leur fourrage. De plus, j’ai renforcé la clôture le long du sentier pédestre. Une clôture fixe serait la prochaine étape, mais je n’ai malheureusement pas le droit d’en installer une, car il s’agit d’un terrain cultivable en location. J’espère que la rangée de fil supplémentaire dissuadera les enfants et les chiens de passer dessous.

Hansueli Hasler espère prévenir les accidents entre son troupeau de vaches et les promeneurs grâce à des panneaux d'avertissement ainsi qu’un fil supplémentaire sur la clôture. (Photo : Hansueli Hasler)

D’après vous, que faut-il pour empêcher les accidents entre des vaches allaitantes et des promeneurs ?

HH : De la sensibilisation à l’aide de panneaux, d’articles dans les médias et surtout de discussions. Nous devons rendre les gens attentifs aux dangers. Ceux-ci doivent comprendre qu’ils doivent tenir leur chien en laisse et ne pas le laisser se promener dans le pâturage. Et ils doivent apprendre que les vaches allaitantes se comportent différemment des vaches laitières et qu’en plus, la présence d’un taureau et de veaux influence la dynamique du troupeau. 


Hansueli Hasler détient 25 vaches allaitantes et parfois un taureau sur son exploitation située à Madiswil. Son troupeau se compose de plusieurs races, principalement des croisements entre Limousine et Simmental ou Swiss Fleckvieh. Environ six Natura-Beef sont commercialisés chaque année en vente directe.  

L’exploitation comprend 20 hectares de surface agricole utile, dont 8 hectares de grandes cultures, parmi lesquelles du blé, de l’orge, du maïs, de l’épeautre et du colza. Le reste de la surface est couvert de prairies, de pâturages et de surfaces de compensation écologique. 

Hansueli Hasler exploite seul le domaine. Il a occasionnellement recours à un dépanneur. Son épouse travaille dans le secteur de la comptabilité des soins à domicile (spitex). Elle n’est pas active sur l’exploitation agricole.

(Photo: Hansueli Hasler)